L’usine de Calais, implantée en 1987 compte actuellement 82 salariés. Hervé Péron, délégué syndical central de la CFDT, témoigne: « Pour la majorité des salariés, cette usine c’est toute leur vie”. Cette mort annoncée va également impacter les sous-traitants de Prysmian-Draka. 25 salariés de Kuehne + Nagel, installés sur le site, sont menacés de perdre leur emploi.
“Pas de perspectives d’évolution”
La direction a annoncé lors d’un comité social et économique le PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) qui prendra effet en février 2024. Certes, le groupe accuse une baisse d’activité de 20% en 2022, alors que “le déploiement de la fibre arrive à son terme en France, mais ce n’est pas le cas en Allemagne ou au Royaume-Uni” explique Grégory Agneray, depuis 25 ans dans l’entreprise et délégué syndical CGT. La direction invoque une baisse des commandes, corroborée avec la fin proche du plan très haut débit voulu par François Hollande. Mais les salariés ne “s’étaient pas préparés à une annonce aussi sèche.”
Alors que l’entreprise propose un reclassement interne au sein de d’autres antennes du groupe comme à Douvrin à plus de 100km, la nouvelle est un choc pour l’ensemble des salariés et de leurs familles à la veille des fêtes de Noël. « La moyenne d’âge des personnes concernées est de 53 ans, justifie Grégory Agneray. Aller refaire sa vie dans une autre région, à cet âge, c’est très compliqué. »
Un climat délétère
Prysmian est un groupe d’envergure internationale, leader dans le domaine des câbles spéciaux et qui possède 10 usines sur le territoire français.
Mais le groupe italien est également à la tête d’autres sites en Europe dont l’activité est identique à celle de Calais, en Espagne et en Roumanie notamment. Le délégué syndical assure même que “75% [du] chiffre d’affaires était réalisé par la Roumanie”. Conjugué à la perte d’un de ses gros clients américain USTC, l’avenir semblait terne pour l’usine calaisienne.
Outre la santé de l’entreprise, Grégory Agneray dénonce également un “management brutal” de la part de Monsieur Jérôme Boyaval qui “harcelait ses cadres, ses salariés”, ce qui a engendré énormément de démission sans remplacement. Des accusations qui doivent être prises au sérieux surtout dans le cadre d’un PSE. Pour rappel, le 21 mars dernier, le Conseil d’Etat a rappelé les entreprises à leur devoir de sécurité vis-à-vis de leurs salariés lors de licenciements économiques.
Les négociations relatives au PSE et aux conditions de départ doivent commencer le 4 décembre.