C’est un énième cri d’alerte qu’un collectif d’associations, le revers de la médaille tente de pousser. Le collectif rassemble plus de 100 organisations, associations et fédérations qui agissent auprès des personnes en grande précarité : personnes sans-abri, exilées, usagères de drogue, habitantes de lieux de vie informels, travailleur·euses du sexe,…
De moins en moins de place d’hébergement pour les plus précaires
Le collectif estime que plus de 3000 places d’hébergement d’urgence ont été fermées. Ces places, essentiellement dans des hôtels, profiteront aux touristes venus se divertir cet été autour de la grande messe du sport mondial, alors que la situation était déjà intenable avec des centaines de demandes par mois non pourvues par le 115. En réponse, la ministre des sports Amélie Oudéa Castera à annoncer l’ouverture de 300 places, des places qui seront le leg de ces JO les plus inclusifs de l’histoire, grincent les représentants du revers de la médaille. Les places restantes sont réservées pour des conditions extrêmes.
Démantèlement de lieux de vie informels
Dans ce contexte, les autorités souhaitent aussi faire ”place nette” à Paris et ses alentours. C’est dans ce cadre que le collectif a relevé plus de 12 000 expulsions de squat, de bidonvilles, regroupements de tentes et autres lieux de vie informels. Parmi ces personnes expulsées, bon nombre travaillent, certaines sont demandeuses d’asile… Une diversité de profils et de parcours qui nécessite un diagnostic social en amont de l’expulsion pour trouver des solutions pérennes pour ces personnes vivant à la rue. Or ce diagnostic est aujourd’hui bâclé dans la plupart des cas.
Pire, les personnes sont fortement incitées à prendre des bus pour rejoindre des SAS régionaux où elles peuvent être hébergées pendant 2 à 3 semaines. Seulement 40% ressortent de ces SAS avec une solution pérenne, avec un point commun: ces solutions sont en région. La légalité de ces SAS ainsi que leur mise en fonctionnement 1 an avant les JO jusqu’à fin 2024 questionnent. Pour les associations comme Médecin du monde ou le Secours catholique, cela relève du nettoyage social.
Invisibilisation et pression policière accrue
Face à ce nettoyage de l’espace public, le collectif essaie d’alerter les pouvoirs publics et l’opinion publique sur ces méthodes mises en place à Paris, des méthodes qu’on avait vu à l’oeuvre à Pékin en 2008 avec près de 1 millions d’expulsés et à Rio en 2016 avec 77 000 expulsés. Mais la compétition approchant, l’inquiétude est croissante. L’invisibilisation de ces populations déjà fortement exclues de l’espace public va engendrer de nombreux problèmes à court et moyen terme. Beaucoup d’associations ont peur de perdre le lien avec leurs bénéficiaires, ce qui ruinerait parfois à des années de travail et d’accompagnement notamment à cause de la pression policière accrue (on estime qu’il y aura un policier tous les 100m durant les JO).
Le collectif ne compte pas en rester là. Il a déjà saisi la défenseure des droits et tente d’interpeller les instances internationales, l’ONU et l’Union européenne, au vu des nombreuses mesures administratives mises en place qui semblent aller contre les droits humains les plus élémentaires. En attendant, l’ensemble de ses acteurs sera mobilisé pour venir en aide aux “exclus des JO” durant toute la période olympique et va continuer de dénoncer sans relâche un véritable “nettoyage social”.
Le 6 juin à 18h à la Cité Fertile (Pantin) aura lieu une présentation du rapport et une session d’échanges ouvertes au public.