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Le combat des salariés KEOLIS pour des conditions dignes de travail : la lutte malgré les attaques en justice

En grève illimitée depuis le 12 septembre, les 94 salariés de Keolis bloquent le dépôt de Montesson. La direction, sourde à leurs revendications, a préféré tenter de les intimider en assignant sept de ses salariés au tribunal judiciaire de Versailles.
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Crédits photos : banderole des grévistes devant le dépôt de bus // Révolution Permanente

Une grève pour le rétablissement des primes

Le mouvement de grève s’est déclenché après que les salariés aient appris qu’aucune prime ne sera versée, ni cette année, ni l’année prochaine. “Il s’agit de primes d’intéressement et de participations sur lesquelles la direction n’a pas voulu nous verser quelque chose, même un minimum” raconte Amine Trari, délégué syndical Sud. 

Les travailleurs et travailleuses de Montesson pointent également du doigt la dégradation des conditions de travail depuis le rachat du marché par Keolis en 2021: travail en horaires décalées,  6 jours sur 7 pour gagner un salaire correct, …. “Avant, c’était Transdev, on avait un peu plus de flexibilité, on ne perdait pas nos primes. Maintenant avec Keolis, on nous sucre pas mal d’avantages en nous faisant croire que les négociations de début d’année sont pas mal, mais c’est de la poudre”, poursuit Amine Trari. 

Le rapport de force

Alors que les grévistes tiennent bon, la direction fait venir des huissiers sur le piquet afin de faire constater que les employés grévistes empêchent les non-grévistes d’aller travailler. Des jets d’œufs sont observés. La direction de Keolis prend la voie de la justice.

Sept chauffeurs ont comparu jeudi 12 octobre dans le cadre d’une assignation au tribunal judiciaire de Versailles. Selon le délégué syndical Sud, c’est la seule solution trouvée par la direction étant donné que les 90% de grévistes n’ont pas plié, “ni par le manque de salaire, ni par la répression”, même si c’est compliqué de tenir financièrement. “ Ils nous ont envoyé au tribunal écouter les arguments et les huissiers qui ont pris des photos, et qui disaient qu’on était des délinquants, qu’on empêchait les non-grévistes de travailler et qu’on jetait des oeufs”. 

Le tribunal a rendu son délibéré le lundi 16 octobre, donnant raison à la compagnie de transport, “en estimant qu’elle était dans son droit et que nous avions empêché les non-grévistes de travailler, alors qu’eux mêmes ont fait des attestations suggérant le contraire…un coup de poker pour eux” déplore Amine. Le président du tribunal a même répondu aux demandes de Keolis avec une astreinte de 1000 euros par jour et par personne en cas d’empêchement de sortie de non-grévistes du dépôt. 

La difficulté de forger un front syndical commun

Pour lui, cette situation s’intègre dans un mouvement plus global face à l’ouverture progressive à la concurrence: “ça nous a tué. Avant, on était un dépôt indépendant. Maintenant on nous a marié avec un dépôt plus grand à Argenteuil, qui dégage moins de bénéfices, mais c’est nous qui rajustons la balance”. Des paroles qui font échos à l’abandon annoncé de Fret SNCF, et expliquent la présence de camarades de la CGT Ratp et de SUD Rail devant le tribunal.

Fort de nombreux soutiens, les grévistes espèrent récupérer les journées de grève perdues. “On sait qu’on ne va pas aller loin avec ces gens-là [Keolis], et l’avancée de la direction, c’est de nous donner des miettes”. Ils ont accepté de donner une semaine aux travailleurs, pour le reste, ils devront se débrouiller avec des heures supplémentaires pour parachever la carence. “C’est inadmissible”, s’énerve Amine, “je préfère retourner au boulot moi-même plutôt que d’accepter leurs miettes”. 

Malheureusement pour les salariés du dépôt de Montesson, la grève n’a pas suivi au dépôt d’Argenteuil. Le délégué syndical SUD s’interroge sur la stratégie de certaines organisations syndicales qui ne veulent plus aller au combat, ce qui a fragmenté la lutte et empêche d’installer un rapport de force durable.“C’est triste” déplore-t-il

Peu optimistes sur la suite des évènements, les salariés espèrent tout de même toucher une part de la caisse de grève, qui s’élèvera à 200 euros maximum. Mais pour le moment, il faut composer avec les fonds d’économies, “c’est dur, mais on est là” termine Amine.

Vous pouvez soutenir les conducteurs de bus de Montesson grâce à cette cagnotte.

 

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