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Après la cession de ses magasins, Casino s’apprête à faire le grand ménage

Le groupe Casino a fait part aux syndicats mardi après-midi de son intention de se séparer d’une partie des effectifs. La décision, attendue, succède donc logiquement à l’annonce de la vente de 313 hypermarchés et supermarchés du groupe à Intermarché et Auchan. De leur côté, les salariés ainsi que les organisations syndicales restent mobilisés pour limiter la casse. L’appel à la grève pour le 22 et 23 décembre a été maintenu.
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L'intersyndicale en tête de cortège à Saint-Étienne, 17/12/2023. Crédits : @Quentin Bataillon, Facebook

C’était prévisible, c’est désormais officiel. Un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) est en préparation chez Casino. La direction et les représentants du trio qui doit prendre les commandes du groupe fin février 2024 (Daniel Kretinsky, Fimalac et le fonds Attestor) l’ont annoncé lors d’une réunion de près de 3h qui s’est tenue mardi après-midi avec les représentants de l’intersyndicale (FO, CGT, CFDT, Unsa, CFE-CGC). Le plan social concernerait environ 1 salarié sur 5, soit près de 1000 personnes.

Pour les délégués du personnel, l’information vient confirmer les rumeurs de vente à la découpe de Casino. Le groupe est en effet entré ce lundi en négociation exclusive avec Intermarché et Auchan, afin de leur céder 313 magasins pour un prix de 1,35 milliard d’euros. L’échéance est prévue le 1er mai 2024 pour les hypermarchés et le 1er juin pour les supermarchés. Seules 13 grandes surfaces, toutes situées en Corse, ne sont pas concernées car elles seraient vouées à disparaître. Quant aux propriétaires des 56 magasins franchisés sous bannière Casino, ils détermineront par la suite s’ils souhaitent ou non rejoindre ces enseignes dans le giron des deux concurrents. Les enseignes Monoprix, Naturalia, Franprix et l’e-commerçant CDiscount restent, elles, dans le Groupe Casino.

Mobilisations en vue

L’enjeu est désormais double : d’une part, limiter la casse au sein du groupe, même si la tendance n’est pas à l’optimisme. Certes, rien n’est précisé, à ce stade, sur l’avenir des 1 800 salariés du siège social de Saint-Etienne, des 1000 salariés du siège de Vitry-sur-Seine, ou encore des 2 300 personnes travaillant au sein de la branche logistique et des 12 entrepôts. Mais pour Jean Pastor, ces fonctions annexes autour des magasins « n’ont plus de raison d’être si tout est vendu ». « On ne va pas se le cacher », se désole le délégué syndical CGT. Auchan et Intermarché disposent d’ores et déjà de leurs propres circuits logistiques, d’où le désintérêt pour eux de reprendre des entrepôts. 

À Saint-Étienne, bastion historique du groupe, plus de 2000 salariés, sous-traitants, consommateurs et élus ont manifesté côte-à-côte dimanche 17 décembre en réponse à l’appel de l’intersyndicale. L’enjeu est de taille : si le nom de Casino disparaît, ce sera « un traumatisme ! », a témoigné Quentin Bataillon, député de la Loire Renaissance, auprès de l’Agence France-Presse. « Dans ma circonscription, il n’y a pas une seule famille où personne n’a travaillé chez Casino », note-t-il, en craignant un choc comparable à « celui qui a suivi la fin des mines ». Les Stéphanois seront de nouveau mobilisés les 22 et 23 décembre prochain : des grèves sont annoncées dans les entrepôts Easydis ce vendredi, puis dans les magasins Casino samedi. L’objectif ? “Peser”, affirme Jean Pastor à Activradio, “pour que les salariés puissent exprimer leur rancoeur envers la direction qui les a laissés tomber. Si ça peut ne serait-ce que réduire la casse sociale qui s’annonce. L’histoire, elle, se répète. Casino a vendu 576 Leader Price à Aldi, ils en ont fermé 100, c’est ça leur social ».

L’intersyndicale a également confié vouloir accompagner les salariés des hypers et supermarchés amenés à sortir du giron Casino. Ces derniers bénéficient d’un gel de leur conditions sociales pour une période de 15 mois, période au cours de laquelle les négociations vont être cruciales pour ne pas voir leurs acquis sociaux dégringoler. Intermarché étant un réseau d’indépendants, ses salariés bénéficient d’une protection sociale bien moindre en comparaison avec Casino, réputé pour être un groupe socialement bienveillant. Il faut dire que l’expérience leur donne raison : après la reprise, en octobre, de 57 magasins par le groupement Les Mousquetaires (qui détient Intermarché), “on était déjà appelés [dès le lendemain] par nos anciennes équipes, car, dans certains magasins, les adhérents essayaient de leur faire signer des avenants », raconte Nathalie Devienne. La déléguée SNTA-FO qui est également porte-parole de l’intersyndicale a affirmé à BFMTV vouloir négocier une clause sociale “pour aller au-delà des 15 mois”, un dispositif dont nous avions déjà parlé dans notre enquête sur Carrefour, et dont la force de frappe semblait limitée.

Quelles perspectives ?

Reste à savoir désormais qui exactement sera concerné par le plan social au sein du groupe Casino. La prochaine réunion entre la direction et l’intersyndicale est prévue pour le 4 janvier. Pour l’enseigne, ce basculement représente le début d’un long processus où elle devrait éponger la dette abyssale de près de 7 milliards d’euros, amassée depuis la reprise de la boutique en 2005 par Jean-Charles Naouri. Ce dernier aura connu un parcours à la tête de Casino entaché de polémiques, la dernière en date étant les deux plaintes déposées lundi  par six membres de la famille Guichard : une contre X pour “manipulation de cours et diffusion d’informations trompeuses”, et une contre Jean-Charles Naouri pour “abus de biens sociaux au détriment de la société”.

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