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Usine Poulain : la résistance s’organise

L’annonce de la fermeture de l’usine Poulain de Villebarou a été un choc pour l’ensemble du département du Loir-et-Cher tant la marque et son histoire sont associées au territoire. Face à cette décision “écœurante “, la solidarité et la résistance commencent à s’organiser.
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Un manifestation ce samedi 22 juin à Blois a rassemblé plus de 1000 personnes.

Une décision financière difficilement compréhensible

Fondée en 1848 à Blois, la chocolaterie Poulain fait partie de l’histoire de la ville. L’usine longtemps attenante à la gare de Blois se situe depuis 1991 à Villebarou, au nord de la cité blésoise. L’annonce de la fermeture a créé un choc chez les 109 salariés du site. 

Ces dernières décennies, l’entreprise est passée de main en main. Un temps propriété du géant américain Mondelez, elle est depuis 2017 intégrée au groupe Carambar and Co, lui-même détenu par le fonds d’investissement Eurazeo.  

La fermeture serait justifiée par des raisons économiques selon la direction. Pour le représentant syndical de la CGT Tony Anjoran, cet argumentaire serait totalement fallacieux :

Nous avons perçu de l’intéressement au début de l’année pour les résultats de l’an dernier, nous avons eu une augmentation de salaire de 4%, dans quel groupe qui se porte mal, cela est-il possible ? “ 

Quand on regarde les comptes publiés par Carambar and Co, on observe en effet que depuis l’année 2022, l’entreprise est largement rentable, avec un bénéfice net de 2 millions d’euros et un chiffre d’affaires en croissance de 385 millions d’euros. Si les comptes 2023 n’ont pas encore été publiés pour le grand public, ceci sont, selon le syndicaliste, dans la lignée de ceux de l’année 2022. 

Eurazeo dicte les choix

Derrière cette annonce tombée du ciel, il y a la société d’investissement Eurazeo. Si l’arrivée de ce nouveau propriétaire avait été un bol d’air pour les salariés, ils sont aujourd’hui dépités. Tony Anjoran raconte : 

 “ Mondelez a privilégié sa marque Milka et a arrêté beaucoup de nos produits. Eurazeo devait remonter la marque, au final elle a stagné pendant 7 ans. Nous savions que ce groupe était spécialisé dans les reprises à moyen et long terme pour remonter les marques et les vendre, nous arrivons à long terme. Ils préparent la vente d’une structure à moindre coût d’ici 2 à 4 ans” .

Les syndicats dénoncent tous une fermeture financière pure et simple. Ce qui étonne, c’est l’impréparation totale du projet. Si la date de fermeture n’est toujours pas connue, elle devrait intervenir d’ici la fin de l’année. Quant à savoir où ira la production, pour l’instant c’est silence radio du côté de la direction. Des informations qui pourraient être transmises dès demain, le 25 juin lors d’un CSE exceptionnel, alors que le premier CSE du 13 juin avait été annulé pour vice de procédure, la direction n’ayant pas fourni les documents à temps aux représentants syndicaux. Selon une source syndicale, les documents fournis seraient remplis d’erreurs.

L’agroalimentaire n’est plus un secteur “protégé”

Face à cette catastrophe sociale, ce sont tous les habitants de la ville de Blois qui sont solidaires. Samedi, une marche regroupant plus de 1000 personnes a eu lieu. La pétition en ligne contre la fermeture du site  rassemble près de 15 000 signatures, des chiffres qui démontrent l’attachement du territoire à sa chocolaterie. 

Plus globalement, on observe une augmentation des PSE ( plan de sauvegarde de l’emploi) dans le secteur de l’agroalimentaire. Alors qu’on pensait ce segment de l’industrie moins propice aux délocalisations,  dû à la faible valeur ajoutée de ses produits ou à l’attachement des consommateurs à des produits français, les exemples de Lu à Chateau Thierry ou encore de Saupiquet à Quimper, ont rappelé que nul n’est à l’abris d’un licenciement financier. 

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