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 Nouvelle convention collective de la métallurgie: au cœur de la division syndicale

Au 1er janvier 2024, une nouvelle convention collective pour la métallurgie va entrer en vigueur. Signée le 7 février 2022 entre l’Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM), la fédération patronale métallurgiste, et trois syndicats, la CFDT, CFE-CGC et FO, elle va concerner près de 1,6 millions de travailleurs et travailleuses et s’appliquer au sein de 42.000 entreprises. Seule la CGT a refusé de signer cette nouvelle convention, censée être “un nouvel élan pour l’avenir”.
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7000 salariés manifestaient devant l'UIMM le 25 novembre 2021 à Paris pour une “Convention collective de la métallurgie de haut niveau” - @twitter UL CGT GERZAT

Des années de négociation

Les négociations de la convention ont commencé en 2016 à l’initiative de l’UIMM avec la volonté de moderniser un dispositif dépassé datant des années 70, et donc plus adéquat avec la réalité industrielle du XXIe siècle. Avec autant de salariés et de branches, “on ne s’y retrouvait plus” confie Gabriel Artero, ex-président de la CFE-CGC.

“La présente convention collective nationale est l’illustration de la volonté des signataires de construire un cadre conventionnel plus simple, plus accessible, plus juste, socialement et économiquement plus performant, au service du développement et de l’excellence de l’industrie”
Préambule de la Convention, p.14

Aussi, le choix a été fait d’harmoniser les conventions de plusieurs secteurs, regroupant sous la même branche la construction navale, l’aéronautique, le ferroviaire, l’automobile, la sidérurgie et l’industrie des composants électriques entre autres. C’est une nouvelle convention collective qui se substitue à 76 conventions collectives, 1 convention collective de la sidérurgie et 1 convention collective nationale des ingénieurs et des cadres, le tout en 231 pages.

Ca a été un long processus” affirme Gabriel Artero, “mais je peux dire que l’ensemble des organisation syndicales étaient à peu près d’accord sur le constat: les normes ne protégeaient plus les salariés autant qu’on l’imaginait, et pour les entreprises, ça ne correspondait plus vraiment à la réalité industrielle actuelle. […] On a vu un tas de choses, notamment des aberrations sur certaines normes”.

Un constat initial partagé par les syndicats peut-être, mais qui est loin de faire l’unanimité. La Fédération des travailleurs de la Métallurgie CGT (FTM-CGT) tire la sonnette d’alarme depuis plusieurs années et dénonce avec cette nouvelle convention “un recul social sans précédent”.

Des changements fondamentaux

La nouvelle convention est une véritable refonte de l’ensemble du secteur de la métallurgie et des relations entreprises – salariés. Elle est organisée en deux volets. Le premier mis en place au 1er janvier 2023 sur le régime de prévoyance et santé. “Le nouveau régime prévoyait notamment l’instauration d’un socle minimal de droits sociaux pour les salariés et d’un système de mutualisation des coûts entre adhérents” explique Fabrice Nicoud, président actuel de la CFE-CGC Métallurgie. Aucun dysfonctionnement n’a été remonté de ce côté-là jusqu’à présent. “La prévoyance, c’est le seul volet un peu plus avantageux” en convient Ludovic Bouvier de la FTM-CGT. “Mais bon la prévoyance, tout le monde n’en bénéficie pas… Et comme maintenant on peut licencier les malades…On comprend mieux pourquoi ça ne dérangerait pas d’en mettre un peu plus. Ce n’est pas la mesure qui va leur coûter le plus cher” enchaîne le représentant de la CGT.

Le second volet comprend les autres thématiques et c’est celui autour duquel se cristallisent les désaccords, surtout chez les cégétistes. La nouvelle grille de classification dévaloriserait les salariés et verrait les rémunérations baisser, ainsi que l’explosion du temps de travail. “Son contenu supprime un nombre conséquent de conquis sociaux et il diminue les garanties collectives au niveau national”, explique le Secrétaire général adjoint de la fédération de la métallurgie, Stéphane Flegeau. La CGT pointe également du doigt la diminution des primes d’ancienneté et de nuit, la non-reconnaissance des diplômes et regrette que l’UIMM n’ait pas pris en considération ses propositions lors des négociations.

De leur côté, la CFE-CGC, la CFDT et FO applaudissent la nouvelle convention “plus équitable et plus transparente” et qui garantiraient une meilleure protection pour les travailleurs de la métallurgie. “C’est pour les PME que ce sera le moins compliqué” confie Gabriel Artero, “depuis fin 2021, nous alertons les entreprises sur le fait qu’elles ont 2 ans pour se mettre à la norme, faire le descriptif des emplois, élaborer les fiches, faire les cotations (et c’est un travail RH monstrueux), et certains ne dévoilent leur fiche aux salariés que maintenant, c’est plus que limite”. Certes, les salariés ont ensuite un délai d’un mois pour contester leur nouvelle cotation ou poser leurs questions auprès des RH, “mais certains n’ont pas suffisamment bien décrit les choses”. 

C’est dans ce sens également que Fabrice Nicoud appelle à la vigilance de sorte que certaines entreprises ne profitent pas des nouvelles classifications pour jouer sur la masse salariale. Frédéric Homez, Secrétaire Générale FO-Métallurgie renchérissait sur twitter le 5 décembre en partageant un édito de son organisation syndicale Déploiement de la CCNM: attention au mauvais joueur.

La mise en application du second volet promet d’être plus houleuse. Depuis la signature, des syndicats, majoritairement la CGT, se mobilisent contre cet accord, et les protestations se poursuivent dans plusieurs entreprises.

Alors, réelle modernisation ou régression sociale ? Seule la mise en application de ce second volet nous le dira. Ce qui est sûr, c’est que cette nouvelle convention collective, très peu commentée à l’échelle nationale, va considérablement changer le quotidien de nombreux travailleurs.

Retrouvez la Convention collective, les accords et avenants ici.

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