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Législatives 2024 : les syndicats au combat face à l’extrême droite

Tout en voulant conserver son indépendance, la CGT a appelé à voter pour le Nouveau Front Populaire (NFP). Les autres syndicats, pour la plupart, s’ils n’ont pas donné de consigne de vote, appellent à faire barrage à l’extrême droite.
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Rassemblement contre le RN le 10juin

La CGT indépendante mais pas neutre

La CGT a annoncé une consigne de vote, un événement rare, à la hauteur de la situation politique actuelle. Sur le terrain, ses forces s’engagent au côté des candidats et candidates du NFP.

David Lecocq Secrétaire général de l’Union départementale de l’Aisne est clair, “la CGT sort du bois pour s’exprimer et aller en faveur d’un programme social mais cela ne sera jamais un blanc-seing. Combattre la droite et l’extrême droite, c’est le combat de la CGT”.

Un soutien bienvenu pour les candidats dans un département, où le Rassemblement National (RN ancien FN) a une très forte audience. Charles Culioli, candidat NFP dans la première circonscription de l’Aisne et avocat qui défend les syndicats, sait la chance de pouvoir compter sur ce soutien : “ Il est central dans notre campagne. Nous avons besoin des forces politiques, syndicales et associatives pour construire une réelle alternative à Macron et au RN pour porter plus de dignité, de considération, et arracher des acquis sociaux. »

Selon David Lecocq “Cet accompagnement de la démarche du front populaire” a été permis   par le programme social du NFP, en rupture avec 40 ans de programmes anti-sociaux. Concrètement des militants CGT sont présents dans les circonscriptions aux côtés des mobilisations. Pour David Lecocq, une fois que la distinction entre indépendance et neutralité expliquée, les militants ont vite adhéré à la position du syndicat. 

L’objectif c’est d’aller partout pour convaincre que l’engagement syndical est nécessaire, que le vote aussi et que l’engagement populaire permettra des résultats concrets et des progrès sociaux. En 1936, c’est l’engagement de la base qui a poussé et permis la mise en place d’un programme socialiste et novateur.” Si le Secrétaire général confesse que certains collègues ont claqué la porte, “on [la CGT] ne se voile pas la face, selon les sondages 24% des adhérents CGT ont voté RN aux européennes… La xénophobie ne fait pas partie des valeurs de la CGT, si des collègues veulent voter pour des partis qui vont nourrir la destruction du syndicalisme, qu’ils y aillent. Mon seul regret c’est qu’avec ce calendrier, nous n’avons pas le temps d’essayer de les convaincre qu’ils se trompent”.

Des travailleurs et travailleuses à l’assemblée ?

D’autres ont décidé de passer le pas et de se lancer en politique. C’est notamment le cas de Céline Verzeletti. Cette ancienne membre du bureau confédéral et de la commission exécutive confédérale a dû rendre tous ses mandats. Elle a été investie par La France Insoumise (LFI) pour la 15ème circonscription de Paris avec la volonté “de porter un programme de rupture contre les politiques de Macron. Elles ont généré du désespoir et sont le terreau de la montée de l’extrême droite”. 

 

Dans la 5ème circonscription du Nord, c’est un membre de l’union locale de Lille, Dorian Vallois qui est suppléant d’Ophélie Delneste, la candidate du NFP investie par LFI.  Dorian, ancien élu CGT chez Cargill, s’est posé la question de s’engager mais ne se voyait pas refuser au vu de la gravité de la situation. “Le combat contre l’extrême droite et pour un nouveau projet de société est au cœur du combat de la CGT” rappelle-t-il. Celui qui est de toutes les luttes, a été soutenu par son syndicat local, décision confirmée par la motion confédérale dans un second temps. C’est cette motion qui guide l’action de Dorian Vallois pour “défendre les travailleurs et travailleuses et leurs intérêts. Je reste toujours militant et je le resterai, avec comme seule boussole défendre les intérêts réels du peuple.

Chez les autres syndicats, la volonté de conserver l'indépendance

Si la Fédération Syndicale Unitaire (FSU) a également donné une consigne de vote, les autres syndicats s’y refusent. Ils appellent en revanche tous à faire barrage à l’extrême droite. C’est notamment le cas de Sud Rail qui dans un communiqué appelle à faire rempart au RN et liste un ensemble d’exigences sociales.

Chez FO, le choix a été fait de ne pas trancher pour un parti ou pour un autre “du fait de la construction du syndicat sur l’indépendance de tout parti politique, du patronat…” nous rapporte un cadre de la structure.

Le syndicat a adopté une posture revendicative et laisse ses militants voter en âme et conscience en fonction des positions que porte FO, notamment sur la retraite à 60 ans. Si le syndicat a rappelé que son existence n’est possible que dans le cadre d’une république démocratique et sociale afin de défendre au mieux les travailleurs, la question de la participation à la marche syndicale contre l’extrême droite du 15 juin dernier a notamment divisé. La centrale n’ayant pas appelé à participer, certaines organisations locales ont tout de même appelé au rassemblement pour participer à cette marche. C’est bien là toute la difficulté actuelle au sein des organisations syndicales qui veulent à tout prix préserver leur autonomie et leur indépendance, tout en faisant barrage à l’extrême droite et voir émerger des mesures sociales de rupture. 

 

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