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Moi jeune de 26 ans, face à la crise sociale actuelle

Thomas RIGOLLET

Thomas RIGOLLET

Jeune militant de 26 ans, Thomas travaille actuellement comme assistant parlementaire.

La réforme des retraites a été la réforme de trop pour les français. 93% ont déclaré être contre le report de l’âge de la retraite à 64 ans. J’en fais partie. 

J’ai participé aux diverses manifestations parce que je voulais que le gouvernement et Macron puissent entendre notre colère légitime face à une réforme qui est rejetée massivement. Il n’est pas normal dans une démocratie que le peuple ne soit pas entendu. A contrario, le mépris social dont fait preuve le Président semble sans précédent et beaucoup le ressentent, y compris ceux éloignés de la politique.

Le report de l’âge légal de la retraite à 64 ans pose aussi une question philosophique sur le travail.
Personnellement, je ne suis pas pour travailler plus longtemps ou, du moins, je suis pour que chacun puisse avoir le choix. Il est clair que si quelqu’un se plaît dans son travail, qu’il n’est pas usé physiquement ou psychologiquement et qu’il a des revenus qui lui permettent de vivre décemment, alors travailler plus longtemps peut être un plaisir. Mais beaucoup n’ont pas ce luxe malheureusement et ne sont tout simplement pas en capacité de travailler plus longtemps.


Repousser l’âge de départ, c’est considérer que notre existence humaine se résume à devoir travailler, être productif afin de se rendre utile pour la société. Je ne pense pas cela. Je considère que le travail peut être émancipateur si et seulement si on s’y sent bien. Mais travailler moins longtemps, que ce soit en termes d’horaire ou en termes d’âge, ce n’est pas être feignant, c’est aussi avoir la possibilité de s’intéresser à autre chose, de passer du temps en famille, de ne pas être aliéné par notre travail. La vie humaine ne doit pas être pensée que par le prisme économique, considérant que l’Homme doit produire toujours plus de richesses.

Cette réforme a déclenché une crise sociale mais aussi une crise démocratique.
Crise sociale d’abord, car une majorité de français est contre cette réforme et qu’il n’est pas sain de gouverner contre le peuple. Je me rappelle de Macron qui, au début de son premier mandat, affirmait qu’il n’y aurait jamais de report de l’âge de la retraite. Il est revenu là-dessus pour imposer aux Français deux ans de travail en plus. De nombreux secteurs se sont mis en grève et sont entrés en bras de fer avec le gouvernement afin que leurs revendications soient entendues. Il faut comprendre que faire grève n’est jamais évident, cela coûte de l’argent. Pour beaucoup de travailleurs, c’est aussi bien souvent le seul moyen de protester. Je me réjouis d’avoir été témoin d’actes de solidarité, où des citoyens ont pu contribuer à la lutte en donnant aux caisses de grève par exemple.

Crise démocratique aussi car, pour arriver à la promulgation de la réforme, le gouvernement a fait usage d’articles anti démocratiques de la constitution que ce soit le 47.1 ou le 49.3. Il faut rappeler que cette réforme des retraites n’a pas été votée par les parlementaires de l’Assemblée Nationale ! Cela est perçu comme une réelle violence par les français.
On nous impose deux ans de travail supplémentaires, mais les parlementaires n’ont pas pu s’exprimer, les syndicats n’ont pas été entendus et les citoyens français ont été méprisés.

Je le vois dans les dernières manifestations, beaucoup de Français et notamment des jeunes se saisissent de cette question démocratique. L’article 49.3 concentre les tensions comme un symbole du gouvernement qui entache la démocratie. Beaucoup se posent des questions sur cette 5ème République qui permet au Président d’imposer une réforme dont personne ne veut. Il est nécessaire de revenir sur la constitution de 1958, comprendre qu’elle a été rédigée en période de crise forte et qu’elle a par conséquent donné les pleins pouvoirs à un homme. Aujourd’hui cette même constitution permet donc au gouvernement d’avoir quasiment les mains libres. Il faut changer cela.

Je pense qu’il est nécessaire de continuer à se questionner sur la place du peuple aujourd’hui. Est-on réellement souverain ? Avons-nous un quelconque pouvoir décisionnaire si ce n’est celui de voter ? Quelles sont nos marges d’actions pour dire notre refus face à cette réforme ?
Il faut se questionner mais aussi trouver des éléments de réponse. Cela passe, selon moi, par l’éducation populaire et politique. Les Français doivent échanger, se former et lutter ensemble.

Je ressors de cet épisode politique plus engagé encore que je ne l’étais avant. J’en ressors aussi convaincu qu’on peut agir et que, le peuple uni, jamais ne sera vaincu.

Thomas RIGOLLET

Thomas RIGOLLET

Jeune militant de 26 ans, Thomas travaille actuellement comme assistant parlementaire.