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MA à Aulnay sous Bois, le baroud d’honneur du dernier site automobile du département

Lundi 13 mai 2023, MA, un sous-traitant automobile de Stellantis basé à Aulnay-sous-Bois a été placé en liquidation judiciaire. Depuis le 17 avril, les 280 salariés bloquent l’usine et s’organisent pour la préservation de leurs emplois et négocier leurs conditions de départ.
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“MA, c’était la dernière industrie du 93”

Voilà 10 ans que le site PSA d’Aulnay-sous-Bois a fermé. “MA, c’était la dernière industrie automobile du 93” s’attriste Houari, délégué syndical CGT, “c’est du gâchis industriel et une perte de savoir-faire énorme” poursuit-il.  

MA, propriété du groupe italien CNL, fournissait 90% de ses pièces à Stellantis pour les utilitaires Peugeot et Citroën. L’usine tournait jour et nuit avec trois équipes, “à une époque on sortait presque 4000 pièces par jour et par équipe”, raconte un salarié, “il y avait 80 ou 90 camions qui partaient chaque jour pour Luton [Angleterre] avec une compagnie Slovène”. De quoi expliquer l’amertume et la colère des 280 salariés, épaulés par 120 intérimaires. “Ils se sont fait de l’argent sur notre tête, et maintenant ils nous jettent” peut-on entendre. Ou encore un autre, “j’ai eu deux opérations du dos. Je travaillais sur la ligne 4 où il fallait ranger les pièces qui sortaient”. Un travail pénible et répétitif, réalisé dans des conditions extrêmement dures, dans un bruit incessant et assourdissant, qui font écho à L’Établi, film signé Mathias Gokalp.

 

Mathias Gokalp nous fait pénétrer dans l’usine de production Citroën de la Porte de Choisy à la fin des années 60. On pourrait penser à un film historique, loin de notre réalité. Pourtant, il fait écho à la réalité du travail et du conflit social aujourd’hui, résonnant de fait avec l’actualité.

Extrait de l’article

Engager des actions en justice

Maintenant, pour les salariés, c’est l’heure de s’organiser. “La décision a été brutale, si on avait rien fait, l’usine fermait le 31 juillet et quand on revenait de vacances, c’était fini”. Avec l’aide de leurs avocats, les travailleurs de MA comptent entreprendre toutes les actions en justice possibles. 

La plus urgente à l’encontre de la DREETS, au tribunal administratif, afin de faire invalider l’homologation du PSE, ce qui serait un ticket gagnant pour réclamer des indemnités aux prud’hommes et établir que les licenciements étaient sans cause réelle et sérieuse. 

Les salariés réfléchissent aussi à une action devant le tribunal judiciaire. Pour eux, nul doute que “c’est une liquidation frauduleuse organisée entre Stellantis et notre groupe CLN” assure Houari. Il en veut pour preuve que le groupe à d’ores-et déjà commencé à démonter les machines. Le bruit court que la production serait délocalisée en Turquie. De plus, pour les salariés, la relation commerciale entre CLN et Stellantis semble particulièrement étrange. Stellantis imposait et vendait sa matière première au groupe italien à un tarif conséquent et achetait dans le même temps la marchandise transformée à un prix dérisoire, à perte, creusant le déficit de l’usine. Ce sera au tribunal de se prononcer sur ces éléments. 

Emplacement des anciennes lignes 1 et 2 qui ont été démontées

Les ouvriers du site restent motivés malgré les 2 mois d’occupation du site. Le groupe CNL a proposé un chèque d’indemnité supra légale de 15 000 euros, un signe pour certains que la situation n’est pas nette et que le groupe souhaite éviter toutes poursuites. 

Reste comme souvent un goût amer d’un gâchis industriel d’un nouveau savoir-faire qui quitte la France, alors même que le gouvernement avait annoncé un vaste plan de réindustrialisation. “Quand ils décideront dans plusieurs années de revenir en France, il sera trop tard, le savoir-faire sera parti. Il faut parfois 10 ou 20 ans d’expérience pour réaliser des pièces d’aussi bonnes qualités” explique Houari.

Si l’occupation du site a été permise par le contexte politique car “on n’expulse pas des salariés qui défendent juste leur travail dans une période d’élections. Le message ne serait pas terrible” les salariés restent inquiets pour la suite et espèrent pouvoir sortir la tête haute de cette bataille.

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