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[Élections européennes] Dans les pas de jeunes militants ; Comment intéresser les électeurs à une élection dont tout le monde se fout ? 

La rédaction

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Les jeunes ne s’engagent pas, ils sont fainéants et ne veulent plus bosser. La France Insoumise (LFI) est dangereuse pour la République, woke et islamogauchiste. Alors, chez Débrayage, on est allé suivre un groupe de jeunes militants et militantes de LFI en campagne pour les élections européennes, histoire de…

Ils sont quatre courageux et courageuses du groupe jeune du sud de Paris à s’être donné rendez-vous après le travail à 19h, pour aller tracter dans une résidence étudiante du CROUS. Romain, Camilo, Mathilde (*) et Cyprien. 

Leur défi ? parler d’une élection qui ne passionne pas les foules (50% de participation en 2019). Sur les nombreux étudiants et étudiantes interrogés, les militants apprennent à bon nombre que des élections auront lieu le 9 juin 2024. Une ignorance qui ne freine pas leur enthousiasme. Pour Mathilde, “il est important de décentrer le débat hors de France, cela permet d’aborder la montée de l’extrême droite à l’échelle européenne. On essaie de montrer l’importance du Parlement, notamment sur les questions d’écologie, les questions migratoires ou même sur une résolution pour demander le cessez-le-feu à Gaza”.

Romain ajoute “le travail de militant, il est facile actuellement car on apporte des informations basiques sur ce que sont les élections européennes et pour s’inscrire sur les listes électorales. En plus, les sujets d’actualité comme Gaza ou la crise des agriculteurs sont des sujets qui parlent aux gens et sont liés à l’Europe”. Pour Camilo, ce sont ces questions concrètes qui font l’intérêt de cette élection et l’importance de militer, “dire non aux traités de libre échange, c’est concret, les gens voient très bien de quoi on parle”.

Pour la FI, froidement accueilli dans les médias (ici ou ici), le terrain est une autre réalité que celle des plateaux TV. Mathilde en convient “on ne prend pas beaucoup de risques à venir dans un CROUS, les étudiants sont toujours à l’écoute et les échanges sont chaleureux la plupart du temps”. De plus en plus touché par la précarité, les étudiants interrogés ce soir-là voient en plus leur logement réquisitionné pour les Jeux Olympiques de cet été. Entre ceux qui préparent un déménagement en pleine période de partiels, ou d’autres qui n’ont même pas encore la date à laquelle leur chambre doit être réquisitionnée, l’inquiétude est grande. Romain, très attentif aux problématiques de logement, nous explique : 

 “on essaie de créer un dialogue, d’échanger pour connaître les problèmes et les galères des étudiants et en ce moment il y en a beaucoup. On ne fait pas que donner un tract. Par exemple pour la question des réquisitions de logement, on dit aux étudiants de nous tenir au courant pour pouvoir faire remonter les problèmes ou contacter le/la député de la circonscription.” Mathilde pointe le travail constant qui est fait : “On n’est pas là juste pour les élections et on rentre chez nous. Ce travail d’échanges, on le fait tout au long de l’année“.

Après 1 heure et demie de conversations et beaucoup de portes closes, le bilan est plutôt positif pour les militant.e.s. Camilo note : “on n’a pas fait qu’expliquer les institutions européennes même si on doit souvent expliquer les enjeux du scrutin. C’est toujours intéressant d’avoir des discussions autour du féminisme, de l’écologie, du socialisme…” C’est pour cela qu’ils se sont tous les quatre engagés au côté de la FI.

En effet, une chose fait consensus chez eux, la volonté d’avoir une force de gauche avec un programme de rupture, ainsi que le rejet d’une “gauche de gouvernement “, qui a, pour eux, montré son incapacité à répondre aux enjeux actuels. Cyprien explique ainsi son engagement: “Pour moi la FI était le seul parti à parler d’anti-racisme. Dans les autres partis, dans le milieu bourgeois, on n’en parle pas…”.

Mathilde, pointe le fait de “faire gagner les idées qu’on défend, socialiste, féministe, écologiste et dépasse le clivage des vieux partis”. Camilo, lui, est passé un temps par le parti socialiste “à une époque, où on pouvait parler d’anti capitalisme au PS”.

A part lui, tous et toutes militent depuis 2022 et les élections présidentielles et législatives. Si certains viennent de famille de droite ou d’autres de familles historiquement militantes, ils ont aussi le point commun d’avoir tous fait des études longues (Bac +5). Cependant, pour Camilo “le reproche d’être “boboisé” peut être fait à n’importe quel parti, ça relève des conditions de vie matérielle de chacun. Quand on est ouvrier, quand on travaille à 1h30 de chez soi, c’est beaucoup plus compliqué de s’engager politiquement. Puis, être bac+5 ne veut plus tout dire, il y a tellement de conditions d’études différentes. Personnellement j’ai conscience d’avoir été privilégié.“ 

Mathilde pointe aussi le fait que “la FI est le seul parti à avoir une diversité de profils aussi grande aussi bien à l’assemblée nationale actuellement, que dans la liste pour les européennes”. Pour Romain, “là est tout l’intérêt du terrain, d’être au contact d’autres jeunes, de réalités différentes et même au sein de notre groupe les parcours ne sont pas du tout les mêmes.

Alors peut-être. Tant qu’il y aura de jeunes militants convaincus, qui ne défendent pas que leurs petits privilèges, pour faire des heures de porte à porte, même pour une élection dont tout le monde se fout, alors il y aura de l’espoir. 

 

(*) le prénom a été modifié

 

La rédaction

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