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209 licenciements chez Onclusive : a-t-on ouvert la boîte de Pandore de l’IA ?

L’entreprise, leader dans le secteur de la veille médiatique, a annoncé début septembre un plan de licenciements prévoyant le remplacement de 217 postes par des logiciels d’intelligence artificielle. Au-delà du drame humain, Onclusive crée un précédent français qui laisse penser que ce type d’annonce pourrait se banaliser au cours des prochaines années.
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Les salariés pris de court

Le rachat du groupe en 2022 par le fonds d’investissement américain Symphony Technology Group (STG) laissait présager une vague de licenciements, mais pas de cette ampleur. En effet, l’entreprise avait développé un logiciel IA d’écriture automatique, Critical Mention, prêt à l’emploi pour remplacer les salariés du pôle audiovisuel, chargé de la synthèse d’articles. Comme l’a confié Pierre*, employé dans un autre service et dont le poste va être supprimé : “On pensait que ça serait uniquement leur service. C’est pour ça que l’on était surpris qu’il y ait 217 postes (209 postes supprimés et 8 postes vacants non remplacés – ndlr)”. L’entreprise emploie actuellement 447 personnes en France.

Les manières employées par la direction laissent un goût amer au personnel et ses représentants. Un mail du PDG Rob Stone est d’abord envoyé le 5 septembre expliquant notamment que ce changement “améliorera la carrière [des] employés”, “en leur permettant de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée”. La direction française réagit huit jours plus tard au cours d’une visioconférence. “C’était assez brutal”, avoue Pierre, “beaucoup de gens sont là depuis 15 ans, 20 ans, ont une famille, et ont plus de 50 ans aussi. Il y a des employés majoritairement mais il y a aussi des chefs de service, des responsables de département et des directeurs concernés.” Les employés sur le départ devraient bénéficier d’aides à la formation ou à la création d’entreprise avec une entreprise spécialisée afin de pouvoir rebondir.

Les cols blancs en voie de disparition ?

L’annonce du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) du groupe, implanté à Courbevoie (Hauts-de-Seine) a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. Pour bon nombre d’observateurs, elle est la première manifestation française de la menace que représente l’intelligence artificielle sur une partie du marché du travail. Onclusive emboîte ainsi le pas à Microsoft, Amazon, Shopify, BT, ou encore au géant chinois du marketing BlueFocus.

En mars, la banque d’investissement Goldman Sachs affirmait dans un rapport que l’IA pourrait à terme remplacer 300 millions d’emplois à temps plein dans le monde. Chez Onclusive, on reste sceptique sur la capacité de l’IA, à son stade actuel, d’évoluer en autonomie. “Le robot […] détecte les articles sur internet et nous les envoie, après on doit faire du tri car tous les articles ne sont pas pertinents. Le tri manuel, cela nous prend un peu de temps. […] On se demande si ce travail-là peut être fait correctement”, affirme Pierre. “On voit en ce moment que ça n’est pas non plus parfait, il y a quand même des fautes de transcription. […] Pour tout ce qui concerne les rédaction de synthèse il faut que ça soit plus au point. […] S’ils ont des clients qui partent, ça ne sera pas forcément une bonne chose” , poursuit Pierre.

Le groupe compte actuellement comme client de nombreux ministères dont les Armées, la Justice et l’Économie, ainsi que de grands groupes français tels que Total,  La Macif, Veolia, AG2R, RTE, La Poste, ou encore la RATP.

*Le prénom a été modifié afin de préserver l’anonymat du salarié.

Mis à jour le 28/09 – à la demande de l’entreprise Onclusive, les données ont été modifiées.

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